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Passion Provence
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9 février 2015

L'histoire du sel, la gabelle

 

Sels-blancs-speciaux-et-fleur-de-sel

Le sel... Ces quelques petits grains qui viennent assaisonner nos plats quotidiens nous semblent d'une étonnante banalité au point que nous n'y prêtons plus guère attention. C'est un peu vite oublier l'importance que le sel a eu dans notre histoire... Le sel a une origine marine, qu'il s'agisse de mers actuelles ou de mers primitives qui se sont retirées ou asséchées lors de réchauffements climatiques. Dans ce dernier cas, il s'est retrouvé compressé pendant des milliers d'années par des couches sédimentaires. Jusqu'au Paléolithique, l'Homme ne consommait pas directement du sel. Celui-ci lui était fourni en quantité modeste par son alimentation principalement carnée. La sédentarisation de l'être humain et le développement de l'agriculture vont entraîner une diminution de la consommation de viande et donc une réduction de l'apport en sel. L'homme comprend instinctivement l'importance physiologique vitale du sel. Il va donc chercher à l'extraire de la nature environnante. Ainsi, dès le Néolithique, l'homme extrait le sel par évaporation naturelle des saumures (eaux chargées en sel), par brûlage de plantes poussant en milieu salé ou par évaporation par le feu (méthode du briquetage). A la fin de la Préhistoire, l'homme a découvert d'autres qualités au sel, notamment celle de conservation des aliments et du traitement des peaux (cuirs). Le sel, finalement indispensable, a en outre la particularité de se peser et se transporter facilement. Il devient rapidement un enjeu politique, économique et une monnaie d'échange. Nous gardons la mesure de son importance financière par le mot salaire, directement issu du mot sel, car dès l'époque romaine ce précieux minéral constituait une partie de la solde des légionnaires. En France, une taxe sur la consommation de sel est établie par ordonnance royale à partir de 1341 par le roi Philippe VI de Valois, c'est la gabelle. Elle restera monopole royal jusqu'à la Révolution.

Gabelles

Si le prix du sel est fixe, la gabelle en revanche n'est pas du même montant sur l'ensemble du territoire, pouvant parfois afficher une différence quarante fois supérieure d'une zone à l'autre. Par ailleurs, sous Louis XIV, si chaque citoyen est obligé d'acheter une certaine quantité de sel (appelée sel du devoir) certaines personnes physiques ou morales en sont exemptées ou paient leur sel au-dessous du tarif établi par l'Etat : il s'agit du clergé, des nobles, des universités et des officiers royaux. On comprend aisément dans ces conditions le sentiment d'injustice ressenti et la tentation de s'adonner à la contrebande. Bien que les peines encourues soient sévères (amendes lourdes, fouet, galères, marquage au fer rouge d'un "G"), les contrebandiers ou "faux sauniers" qu'ils soient hommes, femmes ou enfants étaient nombreux.

Gabelous

Les autorités mirent en place un réseau de douaniers ou "gabeloux" pour la perception de la taxe et la surveillance de la contrebande. Si la gabelle est officiellement supprimée par décret le 1er novembre 1790, elle revient sous la forme d'un nouvel impôt sur le sel avec Napoléon pour finalement n'être abolie qu'en 1946. Les routes du sel ont tracé de véritables voies de communication et d'échanges culturels. Les villages-étapes ont pu tirer profit de ce commerce itinérant. Le sel était acheminé de manière fluviale, maritime ou terrestre (avec parfois de ouvrages établis pour l'occasion comme le "tunnel de la Traversette" terminé en 1480 sur la route Provence-Italie). L'empreinte du sel dans notre culture est telle qu'elle touche aussi aux croyances et au divin. Tour à tour symbole de purification et de protection (baptême des nouveaux nés ou des embarcations, protection contre le mauvais oeil), le sel représente parfois la destruction (les Romains avaient usage de répandre du sel sur les villes qu'ils rasaient afin que rien ne repousse). Certaines populations, en revanche, surtout en Afrique saharienne ou au Moyen-Orient ont conservé le "partage du sel" comme rite d'accueil de l'étranger. Plus largement, le sel représente l'alliance et l'équilibre qui relient l'homme à son créateur. D'où le rappel de l'idéal évangélique : "Vous êtes le sel de la terre !" (Mathieu, V, 13). L'importance du sel a donc été considérable à tous les niveaux (humain, politique, économique, social et religieux). Cependant, l'exploitation du sel a connu de grandes modifications depuis le XIXe siècle. Lorsque les conserveries apparaissent en France, les besoins en sel diminuent nettement. Par ailleurs, les petites exploitations ne permettent pas toujours de s'adapter à la mécanisation et sont de fait abandonnées.

Salins-litho-bg

C'est ainsi que de nombreux sites ferment, qu'il s'agisse de salins en Méditerranée, de marais salants sur la côte atlantique, d'exploitations du sel igné ou gemme en Aquitaine et en Franche-Comté. Aujourd'hui, de grands groupes comme la Compagnie des Salins du Midi et des Salines de l'Est se disputent l'essentiel du marché du sel dont les utilisations sortent du champ purement alimentaire. Est-ce à dire que le charme des petites exploitations et l'influence de celles-ci sur le paysage français risquent de tomber dans l'oubli ? Fort heureusement, de nombreux sites profitent d'une reconversion en zones protégées pour leur biodiversité tel les Salins d'Hyères, en site d'écotourisme comme pour les Salins de Frontignan, en musée comme à Marsal ou à Salins-les-Bains qui, parallèlement exploite aussi le côté thermal de ses ressources en eau salée. Par ailleurs, certains marais salants de la côté Atlantique sont repris par des jeunes exploitants volontaires et passionnés afin d'être remis en état à l'identique de ce qu'ils étaient comme sur l'île de Noirmoutier misant sur une haute qualité artisanale de sel alimentaire. L'histoire du sel est intimement liée à celle de l'homme. Il est présent dans la nature, dans ce qu'il crée, et participe à son métabolisme. Cet or blanc soigne nos blessures, donne de la saveur à nos plats. Quel trésor ! Il symbolise le pétillant de la pensée, l'humour, "mettre son grain de sel", mais aussi sa profondeur mystérieuse : Le sel de la Sagesse.

Source : D'après un texte paru dans le Calendrier de la FNACA 2014.

Salins-d'hyeres

Extrait : Les gabeloux au village

Voulez-vous voir des gens haïs ? Guettez les gabelous quand ils viennent au village. Les hommes les regardent de travers, d'un sombre regard qui ne dit rien de bon, les femmes, si elles pouvaient, les déchireraient avec les ongles. Ils entrent brusquement dans la maison; de force ils fouillent la masure, pour voir s'il n'y a pas de sel caché. Ils se font montrer le coffre : "Toi, tu n'as plus de sel assez : qu'en as tu fait ? Tu l'as vendu, sans doute !" Procès, amende, prison. "Toi tu en as trop évidemment, tu as acheté du sel de fraude." Procès encore. On perdait toujours. Le gabelou méprisé, haï, souvent battu se vengeait : il ruinait qui il voulait. Comme le sel du roi se vendait fort cher, beaucoup de gens faisaient métier d'en fabriquer et d'en vendre en fraude : ce sel de fraude, les gens de gabelle l'appelaient du "faux sel", le sel du roi étant le seul vrai, et les fraudeurs "faux sauniers". Entre ceux-ci et les gabelous c'était guerre à mort, guerre de nuit et d'embûches. Quand on les prenait ils étaient pendus.

Source : Charles Delon, les paysans

Salins-d'hyeres06

 A suivre bientôt : La route du sel

 

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Commentaires
M
merci pour cet article passionnant ! bonne journée
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L
Bonne semaine, article fort intéressant, que je relirai avec plus d'attention...<br /> <br /> <br /> <br /> Si je comprend bien, à cette époque là, il fallait aussi payer (une forme d'impôt) en quelque sorte...<br /> <br /> <br /> <br /> Lavande.
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G
Merci Nadine pour ce bel article fort intéressant, à lire et relire sans modération !<br /> <br /> Très bonne semaine<br /> <br /> Giselle
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M
Un très joli article, mais il faudrait que je revienne pour le lire plus en profondeur, il y a trop de choses interessantes<br /> <br /> bonne semaine
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