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Passion Provence
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  • Bienvenue chez moi à Trans en Provence dans le Var. Je vous invite à la découverte de la Provence et du Var en particulier à travers son histoire, son patrimoine, ses traditions, ses coutumes, ses légendes, etc...
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25 août 2015

Delphine de Signes et Elzéar de Sabran, les époux vierges

 

Tableau-Puimichel-Delphine et Elzéar

Nous sommes le 29 novembre 1299. C'est la fête ce jour-là au château de Puymichel dans le Val de Durance (Puimichel dans les Alpes-de-Haute-Provence). On marie les héritiers de deux grandes familles provençales : Delphine (ou Dauphine) de Signes et Elzéar (ou Elzias) de Sabran. Née à Puymichel en 1283, Delphine est la fille de Guillaume de Signes et de Delphine de Barras. Elzéar vit le jour au château de Roubians, près de Cabrières-d'Aigues en 1285. Il est le fils d'Ermangaud de Sabran et de Laudune d’Albe. Ils sont jeunes ces nouveaux époux : il a 13 ans et elle en a 15 ! Ils sont orphelins tous les deux et ont été élevés chacun dans un monastère. Ils voulaient se donner à Dieu. Elle rêvait de rester dans le monastère de son enfance à l'abbaye Sainte-Catherine près de la fontaine de Sorps (Fontaine l'Evêque) (voir le lien http://www.daniel-thiery.com/index.php/23-etudes-communes-du-var/5-bauduen). La famille de Sabran possédait un château à Baudinard, proche de l'abbaye. Lui, rêvait de croisades... Mais le roi a décidé pour eux. La chance est avec eux : ils ont les mêmes idées. Ils promettent à Dieu de rester à son entier service et de vivre l'un près de l'autre comme un frère près d'une soeur. Ils font voeu de chasteté en 1316 sous l'influence du franciscain François de Meyronnes. Dans cette volonté commune, ils se découvrent inséparables. Ils s'installent d'abord à Ansouis puis à Puymichel. Là, ils s'efforcent de faire connaître l'amour de Dieu à leur entourage. Bientôt, ils parviennent à prier avec les paysans. Leur bonheur est contagieux... Brillant, efficace et acharné, Elzéar devient rapidement un précieux bras droit pour le roi Robert d'Anjou, roi de Naples et comte de Provence. Lors de ses déplacements en Provence ou auprès de la papauté d'Avignon, le roi Robert lui confia la régence de son royaume et le chargea de l'éducation de Charles, son fils aîné. Le jeune couple dut quitter ses chères collines de Provence pour s'établir à Naples dans les faste de la cour. La présence de Delphine à la cour était très appréciée par la reine Sancia, la seconde épouse du roi Robert qui en fit sa dame de compagnie. Là n'était pas leur rêve commun de simplicité, mais ils se donnèrent beaucoup de mal pour rester attentifs à chacun et rayonnants de foi. En 1323, Elzéar fut chargé par le roi de négocier à Paris le second mariage de Charles de Calabre, l’héritier du comté de Provence et du royaume de Naples, avec Marie de Valois. Ce fut au cours de cette ambassade qu’il mourut le 27 septembre. Il fut inhumé dans l'église des franciscains de la ville d'Apt. Par deux fois sa canonisation fut demandée à Avignon. Il finit par être canonisé le 15 avril 1369, dans la Basilique Saint-Pierre de Rome, par le pape Urbain V qui était son filleul. Delphine le pleura longtemps et ne retrouva sa paix intérieure que lorsqu'elle décida de tout quitter. Comme François d'Assise, elle distribua ses biens aux plus démunis, se mit à s'habiller de robes simples et dormit par terre. Elle rejoignit le monastère des Frères mineurs de Saint-François, au fond de la vallée d'Apt. La petite masure près du Calavon où elle s'installa avec quelques autres femmes était tout près de la chapelle où reposait le corps d'Elzéar. Elle prit alors comme confesseur un jeune cordelier du nom d’André Durand qui allait tomber dans la séduction fascinante (ce sont ses propres termes) qu’elle exerçait sur son entourage. Grâce à lui nous savons qu’elle se vêtait de bure grossière et qu’elle allait quêter de porte en porte. La comtesse se flagellait régulièrement avec discipline et était sujette à des crises continuelles de larmes. Pour se mortifier, elle lavait les pieds de ses servantes et baisait ceux des lépreux, à l’exemple de son époux. Le groupe de filles et de veuves qui l’entourait finit par partager toutes ses journées. Le matin était consacré à la messe et aux oraisons, l'après-midi l'étant aux visites, aux travaux de couture ou au ménage. Et la comtesse força l’admiration de ses servantes en participant avec elles à ces taches. Son entourage commençait à parler de ses miracles et à répandre vers l’extérieur les reliques de la comtesse. Ses linges, ses cheveux, ses eaux d’ablution et ses fioles de larmes étaient considérés comme de véritables talismans. Elle mourut le 26 novembre 1360. Entre 1372 et 1376 Louis d’Anjou, décida de financer de ses propres deniers les frais de procès en canonisation de la femme de saint Elzéar. Ce fut un échec. A leur tour, les États de Provence, réunis à Apt, le 18 avril 1382, demandèrent à Clément VII la canonisation de la "femme du comte d’Ariano qui gît céans, nommée Delphine, de qui le mari saint Alziaire fut canonisé par le pape Urbain". Le pontife accueillit leur demande et classa le dossier. Elle est toutefois nommée dans le martyrologe franciscain, et honorée le 26 novembre. Les reliques d'Elzéar sont conservées avec celle de sa virginale épouse dans l'église d'Ansouis et dans la cathédrale Sainte-Anne d’Apt.

Sources : D'après "Chrétiens dans les Alpes du Sud et à Monaco - Les grandes heures des églises" et Wikipédia.

Reliquaires Ansouis

Les reliquaires des deux époux à Ansouis

Généalogie de la famille de Sabran

http://jean.gallian.free.fr/comm2/Images/genealog/sabran/pdf/tout.pdf

Généalogie de Delphine de Signes

http://gw.geneanet.org/pierfit?lang=fr;p=delphine;n=de+signes

Les époux vierges

 

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Commentaires
D
Au-delà de Tristan et Iseult, Roméo et Juliette, Héloïse et Abelard....la plus merveilleuse histoire se trouve donc dans ce petit coin de Provence. Je pense au grillon de Florian " Pour vivre heureux vivons cachés". Car c'est dans l'ombre que se trouve le paradis de Delphine et Elzéar pour l'éternité et le bonheur de ceux qui ont découvert cette histoire.
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G
Encore un récit fort intéressant pour notre plus grand plaisir. De bien belles découvertes avec cette plongée dans cette riche période du Moyen-Âge en Provence... On peut dès lors mieux saisir l'historique des lieux et les revisiter en posant un autre regard.<br /> <br /> Merci Nadine.<br /> <br /> et à tres bientôt<br /> <br /> <br /> <br /> Sincèrement<br /> <br /> Giselle
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A
Encore et toujours un bon et bel article ! <br /> <br /> Il se trouve que Delphine de Sabran dut aussi à son amitié pour Mabile de Simiane, seigneur franciscaine de Saint Martin de Castillon, et à son exemple, son retrait de la vie sociale pour une vie de pauvreté choisie à Apt. (voir www.fulconis.com "Dictionnaire illustré du village de Provence")<br /> <br /> Cordialement à Tous et à Toutes, et particulièrement aux responsables de cet si intéressant site.<br /> <br /> André Pierre Fulconis
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L
Article fort intéressant de nouveau.Je connais assez bien le château d'Ansouis j'ai pu mieux cerner l'historique car j'avoue je ne m'y étais jamais intéressée<br /> <br /> sauf leurs descendants qui ne sont plus propriétaires du château !<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Bonne semaine. Bises amicales
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